Mon dossier de MOF photographie industrielle non retenu – partie 1

Le MOF photographie industrielle, c’est quoi ?

Autodidacte, j’aime particulièrement mettre en perspective mon savoir-faire. Que ce soit pour apprendre de nouvelles compétences, sortir de ma zone de confort ou aller toujours plus loin. Et comme dans ce parcours de travail acharné, on peut avoir du mal à trouver des ressources, il me semble important de partager ici mon travail. Voici donc un article sur mon expérience de participant au MOF photographie industrielle. Les plus avisés des lecteurs auront remarqué la tournure avec laquelle je le présente.

Je ne divulgâche pas grand chose : en effet, je ne suis pas parmi les talentueux confrères ayant reçu le titre cette année là. Et spoiler alert : la deuxième tentative ne sera pas non plus couronnée de succès.

Je vous propose au cours de ce post un retour sur mon dossier.

Avant de commencer, je souhaite rapidement expliquer ma démarche. Le concours « Un des meilleurs ouvriers de France » est l’un des plus prestigieux parmi les professionnels de tout corps. Mais si le titre est important, c’est bien le travail pour y aboutir qui est passionnant. Car le concours demande un travail personnel énorme. Un ami titré dans sa profession m’avait parlé de cet aspect de l’aventure : c’est l’entrainement autour du dossier qui fait énormément avancer tant humainement que professionnellement. Et l’entrainement porte sur tout notre savoir-faire ! Pour notre profession, deux options sont possibles : la photographie d’art et la photographie industrielle.

Ayant été photographe publicitaire avant de me spécialiser dans le portrait, j’ai passé le concours en option photographie industrielle par deux fois.

J’ai souhaité créer mes visuels avec un maximum d’intervenants locaux. Louées soient ils pour leur patience et leur bienveillance ! Je ne les remercierai jamais assez !

Première photo : Soudeur.

Dans une ambiance d’atelier, les candidats devront réaliser le portrait d’un soudeur qui pose en regardant droit vers l’objectif, avec en arrière-plan un soudeur en action.

Pour ce premier sujet, j’ai opté pour un atelier ayant une vraie personnalité. Le principal point technique a été de mettre en lumière ce lieu afin de le magnifier. Dans la pratique, l’éclairage a été produit de façon à ne pas laisser la lumière des tubes fluorescents apparaître. Voilà donc le garage Polaroil sous mes lumières. C’est un endroit étonnant, peuplé de bricoleurs passionnés. 

L’atelier a été rapidement rangé pour faire disparaître les éléments perturbateurs ou inopportuns, tout en conservant l’esprit surchargé et perpétuellement en activité du lieu. Enfin, le plan d’éclairage a été longuement affiné afin de mettre le sujet en valeur, tout en conservant des lumières qui soient cohérentes avec l’atelier.

La photographie de meuble :

J’ai l’occasion régulièrement de faire de la photographie de meuble pour certains de mes clients. En effet, depuis la création du studio, nous collaborons régulièrement avec TRISS et Michel Ferrand, par exemple.

Pour le concours d’un des Meilleurs Ouvriers de France, le sujet de la deuxième photo semble simple de prime abord.

Deuxième photo : Meuble.

Les candidats devront réaliser une prise de vue sur fond blanc d’un meuble noir (genre commode) ; le détourage n’est pas autorisé.

Devant cette apparente simplicité se cache un travail de studio très technique. En effet, il s’agit surtout de travailler correctement son éclairage et de prévenir tout débordement entre le fond (très) éclairé et le sujet. Enfin, il va de soit que le noir du meuble doit laisser apparaître la matière de l’objet (ne pas être « bouché » comme on dit en photographie).

Lors de ma préparation au concours, j’avais vu un dossier passé où une demande du même type (à savoir des mariés sur fond blanc) avait été traité par l’un des lauréats avec une prise de risque intéressante. En effet, ce dernier avait mis les mariés devant un décor blanc savamment éclairé. J’ai étudié cette option longuement dans mes croquis préparatoires avant de la laisser de côté, privilégiant un fond blanc pur.

Trouver une commode entièrement noire n’est pas chose aisée. J’ai longuement parcouru des dizaines de sites de vente avant de trouver la perle rare.

Car oui, ce sympathique meuble est désormais dans le salon du studio. Sorte de souvenir ouvragé des quelques grosses heures passées à éclairer ses reliefs d’une lumière élaborée.

Portrait corporate :

Le portrait corporate est un exercice exigeant. En effet, il s’agit de mettre en lumière les patrons ou les collaborateurs d’une entreprise. Je réalise souvent ce type de photo et j’aime beaucoup l’échange nécessaire en amont pour produire un visuel qui soit valorisant pour le ou les modèles photographiés.

Troisième photo : Corporate.

Pour illustrer un rapport annuel, les candidats devront réaliser le portrait de deux associés posant devant leur entreprise (en extérieur).

J’ai souhaité pour ce sujet mettre en avant de véritables associés d’une entreprise locale devant l’une de leurs nouvelles boutiques.  En l’occurence, Vianney et Arnaud, les deux associés derrière la Chocolaterie Bellanger, avec lesquels je collabore depuis de nombreuses années. Je trouvais l’exercice de style d’autant plus pertinent : deux porteurs de lunettes devant une vitrine en angle… Un travail d’éclairage passionnant et technique en perspective !

Afin d’illustrer l’esprit haut-de-gamme de cette entreprise, j’ai choisi de photographier la boutique à la tombée du jour. Ainsi, les éclairages de la boutique sont allumés et donnent un aspect brillant, presque précieux au lieu.

Chose amusante : la façade temporaire présente sur la photo a changé quelques semaines après la limite de rendu du dossier… Nul doute qu’une photo avec la magnifique mosaïque désormais installée aurait eu un rendu encore plus magique !

Photographie culinaire :

La photographie culinaire est l’un des axes historiques du studio. Avec la Chocolaterie Bellanger pour qui nous réalisons des images depuis presque dix ans, mais aussi pour des restaurants ou des ouvrages. J’attendais impatiemment le sujet du concours touchant au culinaire !

Quatrième photo : Publicité.

Pour illustrer la couverture d’un livre de recettes culinaires italiennes, les candidats doivent réaliser une photographie avec décor et stylisme d’un plat de pâtes cuites et prêtes à être consommées chaudes.

Pour cette photographie, mon souhait était de mettre en scène une trattoria. Ce sont des restaurants familiaux typiques d’Italie. Pour ce faire, nous avons choisi un environnement chaleureux et simple. Nous nous sommes inspirés des codes de ce type de tables : larges carreaux, bois et ustensiles épurés. 

La recette a été choisie pour son côté visuel, tout en évoquant la gastronomie italienne. Je ne souhaitais pas produire une photographie dont la recette fut une « remasterisation française » d’un plat transalpin… 

Ainsi, nous avons demandé à une styliste de s’occuper de trouver pour nous le matériel nécessaire à la mise en scène, de la manière la plus chaleureuse possible. Il s’agit d’Anaïs Lacroixx, une styliste très talentueuse qui travaille sur la région. Grâce à ses idées et ses conseils, nous avons mis en place une véritable trattoria, avec moult détails renforçant le côté convivial.

Photographie de sport :

Je ne fais pas souvent de photographie de sport, mais je dois avouer que j’aime beaucoup m’y frotter. L’année passée, j’ai eu l’occasion d’être accrédité sur plusieurs événements locaux : 24 heures du Mans, GP Moto, Cross Ouest-France etc. Ce furent des expériences très enrichissantes, qui mirent à rude épreuve le matériel de reportage du studio ! J’étais ravi d’avoir à produire un beau visuel dans ce domaine pour le concours d’un des Meilleurs Ouvriers de France.

Cinquième photo : Sport.

Pour illustrer une affiche de VTT, les candidats devront réaliser la photographie d’un vététiste en descente avec effet de filé (coureur seul, sans spectateur ni coéquipier, ni autres concurrents…).

Je trouvais plus pertinent d’insérer mon vététiste entre deux zones végétales. Ce faisant, les zones de filé encerclaient le sujet, le rendant plus dynamique.

La commande étant une affiche, le filé ainsi produit autour du modèle permettait à un graphiste d’intégrer un texte en conservant sa lisibilité. De même, il était possible d’avoir un bord perdu tournant sans risquer d’éliminer un élément de lecture.

Le plus complexe a été de trouver la balance parfaite pour produire un filé de qualité, long, sans cahot dû au sol. En effet, les perturbations liées au passage sur des pierres ou des racines produisaient régulièrement des flous dans l’axe opposé au filé.

C’est pourquoi un très grand nombre d’essais ont été nécessaires pour arriver à un filé artistique. Ainsi, j’ai obtenu une image qui donne une belle impression de vitesse, sans perdre l’aspect forestier et nature de la discipline.

Je tiens à remercier Kevin, mon modèle, qui s’est prêté au jeu. Et refaire cent fois la même portion de piste n’a pas dû être un régal !

Packshot haut de gamme :

J’aime passionnément la « belle lumière ». Faire du packshot haut de gamme est un travail minutieux et passionnant. Façonner des éclairages complexes en studio est un plaisir, à tel point que c’est devenu la signature de mon travail.

Ce sujet fut sûrement celui sur lequel j’ai le plus travaillé, compte tenu le nombre d’heures de prise de vue. Car valoriser la matière plastique de la bouteille était un challenge vraiment intense.

Sixième photo : Publicité.

Les candidats doivent réaliser une composition multi-images dont le sujet unique est une bouteille plastique pleine d’un litre d’eau minérale gazeuse « SAN PELLEGRINO ».

Pour trouver une bouteille qui ne soit pas rayée avec une étiquette en bon état, il nous a fallu acheter beaucoup de bouteilles ! La mise sous pack entraînant souvent quelques menus défauts. Et si nombre de ces égratignures sont invisibles, une fois photographiées et agrandies, le rendu n’est pas du tout qualitatif.

Ainsi, j’ai fait un « casting » de bouteilles… Cherchant la plus jolie, la moins égratignée, bref la star des San-Pé !

Par la suite, j’ai photographié la même bouteille sous deux autres angles. Puis, j’ai réalisé un montage numérique avec les différentes images pour en produire une quatrième. C’est ainsi que le fond utilisé sur la vue principale prend tout son sens. En effet, il faisait émerger une silhouette entre les deux bouteilles du bord dans un motif rappelant l’effervescence du produit.

Composition photographique, un choix risqué mais nécessaire :

Sur ce visuel, j’ai souhaité réaliser une composition photographique complexe pour illustrer mon concept. Un père de famille branchant une prise dont l’origine est un panneau solaire. Le point de vue est celui de la prise. Enfin, notre mur est ajouré pour montrer qu’il est une sorte de grand panneau solaire..

Je ne voulais pas partir sur un visuel ressemblant à une « photo de banque d’images ». Cela m’a emmené sur une composition plus complexe que prévue. Comme on dit sur les internets « challenge accepted » !

J’avais déjà produit des montages de ce type, celui ci par exemple, l’exercice n’était donc pas nouveau pour moi.

Septième photo : Énergie durable.

Les candidats doivent réaliser une prise de vue sur ce thème : La relation entre énergie et panneaux solaires, en faisant intervenir un ou plusieurs acteurs humains bénéficiaires de cette nouvelle technologie.

La photo est plus complexe qu’il n’y paraît. En effet, la grande profondeur de champ entre la prise électrique et le fond du salon m’a demandé six photos. En outre, la photo d’un panneau solaire chez une amie ajouta une nouvelle couche… On arrivait donc à un visuel composé de multiples images agencées les unes avec les autres pour obtenir l’effet désiré.

Pour ceux qui ont l’impression de connaître mon sympathique modèle au premier plan, il s’agit de Ronan Toulhoat, un illustrateur et auteur de bande dessinée de grand talent. Vous pouvez retrouver son travail ici.

Ce fut probablement le sujet le plus compliqué pour moi. En effet, le sujet ne m’inspirait guère et le choix risqué de produire un montage complexe, ajouté aux délais qui me pressaient, a rendu la production de la photo douloureuse. Jusqu’au rendu final, j’ai retouché ma composition photographique pour la parfaire…

Un énorme merci à la famille Toulhoat pour sa patience (et la pose d’un arbre de Noël en décalé…) ainsi qu’à Chantal M., qui m’a laissé longuement photographier ses panneaux solaires.

Pour revenir à la sixième photographie, suivez ce lien.

Le concours et le futur :

J’ai adoré participé à ce concours. Il m’a permis de prendre un recul important sur ma production pré-existante. En effet, la création de photographies dans le cadre de mon travail ne permet pas toujours de prendre du recul. Les projets sont nombreux et les délais courts. Mais dans le tumulte des nuits de retouches, des journées de prises de vue, ajoutées à un emploi du temps déjà largement rempli, on cogite. On pense. On doute parfois. Non, on doute souvent. On recommence. On apprend. Et c’est une chose importante, dans son métier, de continuer à apprendre encore et toujours.

Ce concours, ce fut un travail acharné, une sortie extra-véhiculaire loin de ma zone de confort. Ce furent aussi des moments de joies, parfois de colère ou de tristesse. Mais ce fut un fabuleux chemin. Un chemin d’apprentissage et d’humilité. Un chemin que je souhaite à tous mes collègues d’arpenter, celui du dépassement de soi.

Merci à ma famille pour leur soutien inconditionnel et merci à celui qui est devenu mon associé, Florian. Retrouvez notre projet commun ici, promis c’est extra.

Merci à Anaïs, Vianney, Arnaud, Ronan & Sophie (et leur famille), Chantal, Kevin, Paulo et à tous ceux et celles qui m’ont aidé.

Merci mille fois à un « grand », un monsieur adorable et à son adorable épouse, qui nous ont parlé avec passion à Mulhouse lors de l’exposition des dossiers. Notre rendez-vous tient toujours, cher monsieur.

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